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Au-delà du Chrono : L'Art de Courir en Pleine Conscience

De la performance au lâcher prise le plus total : trouver la paix dans chaque foulée.


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Un matin d'automne de septembre 1990, fidèle à mon habitude, mon horloge interne me réveille cinq minutes avant 5 h 30. J'enfile mon uniforme de combat – bottes, pantalon camouflage et t-shirt kaki – prêt pour ma course de 8 km. Deux heures de sommeil à peine, et c'était déjà lundi matin. Pour un jeune soldat de 23 ans, sans attache, basé à Lahr en Allemagne pour 4 ans, au cœur de la Forêt-Noire, il était parfois difficile de rester bien peinard à la "base".


Les débuts militaires

Je sortais six jours par semaine avec ma "French Connection", un surnom affectueux donné par les Allemands du bar où l'on décompressait après nos journées à pratiquer nos drills sur l'Oerlikon 35 mm, le premier canon antiaérien à double canon des années 90.


L'entraînement matinal (Private Training)

L'entraînement matinal, le fameux "PT", se déroulait selon un rituel assez cocasse. Imaginez : une trentaine de soldats alignés, la plupart ayant fait la fête la veille, se tenant par les épaules pour ne pas tomber de sommeil.


La routine

À mi-chemin, une "vidange d'estomac" s'imposait, puis retour au bercail. Une bonne douche et on continuait notre journée comme si de rien n'était. Et on ressortait le soir. Pendant un temps, c'était ça, le moment présent. On ne s'en faisait pas avec grand chose.


Le moment présent, 30 ans et 15 kg plus tard


Quinze kilos en trop et 30 ans plus tard, le moment présent se manifeste d'une tout autre manière. En ce début de juin, chaud et humide, j'entame ma première course de l'année. J'arrive au parc Michel Chartrand, un endroit magnifique : trois lacs artificiels, une flore riche de 600 espèces, des dizaines d'arbres fruitiers, 200 espèces d'oiseaux et 17 espèces de mammifères, dont les majestueux cerfs de Virginie. Bref, un espace idéal pour se détendre, marcher et courir sur environ 6 km.


Je me sens bien, vraiment bien ! Je n'appréhende pas la fin de ma course, car mon objectif est simplement de profiter. De ressentir ce que je dois ressentir, d'entendre ce que je dois entendre et de voir ce que je dois voir, sans aucun jugement. Bref, je commence ma course… en marchant les 500 premiers mètres ! Je savoure cet espace qui m'entoure, remerciant la chance d'être ici. Le boisé, les fleurs, les sons, l'air frais qui gonfle mes narines m'inspirent. Je me sens incroyablement bien !


Le départ

Je remarque la petite pancarte 1-5 : piste 1, 500 mètres parcourus. Je débute un petit trot, rien de compliqué. Je sens cependant chaque partie de mon corps, et le surplus de poids que je traîne depuis mon retour à la vie civile.

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L'écoute du corps

La notion de performance n'est plus du tout dans mon vocabulaire. C'est ce qui fait une énorme différence dans mes pas, car je suis à l'écoute de mon corps. Plus je cours, plus je le ressens.


L'harmonie

J'accepte ce qui se passe et remercie mes muscles, mes tendons, mes ligaments, mes organes internes et mes os de me porter un peu plus loin. L'harmonie s'installe progressivement. Un peu comme une entente que j'ai avec eux. Comme s'ils me disaient : « Écoute-moi et je te dirai quand tu devras ralentir ou augmenter le rythme. »


Des rencontres significatives


Sur le parcours, une femme d'une quarantaine d'années – avec un surplus de poids similaire au mien – vient en sens inverse. Elle peine à respirer et avance à petits pas. En une fraction de seconde, une vague d'énergie pure m'envahit, comme ces puissants flux de Qi que je ressens lors d'une séance de Qigong. J'envoie alors cette soudaine montée d'énergie vers elle, sans rien attendre en retour. Tout en frissonnant encore d'avoir vécu cette expérience, je croise son regard et elle me dit : "Lâchez pas !" Avec un petit sourire timide en coin, je continue mon chemin, sans rien dire alors que je la vois augmenter le pas.


Le moment présent, en pleine conscience, je le visualise comme ce bouchon de champagne qui vient de sauter dans une salle bondée. Tout le monde s'arrête de parler, de penser ; ils sont captivés par ce "pop" inattendu. Un instant suspendu où les soucis s'évanouissent, où seul ce son, cette surprise, existe. Tous sont là, figés par ce moment, le temps d'une émotion... puis la vie reprend son cours, comme si de rien n'était.

Cet instant présent dans cet espace-temps n'est non pas figé, mais vécu en pleine conscience de ce qui est réellement, sans attente, sans l'artifice du désir de recevoir, ni le poids du passé ou l'appréhension du futur. C'est un pur instant de présence.


Un peu plus loin, je réalise que je suis à mi-chemin. Au moment même où une petite crampe menace de s'installer, la fontaine du panneau 1-24 apparaît. Le temps de me rafraîchir, je remercie encore une fois mon corps de m'avoir parlé à sa manière. Trois cents mètres plus loin, ma crampe ayant pratiquement disparu – dès son apparition, elle était déjà acceptée et apaisée –, je vois une coureuse me dépasser. Devinez le logo sur son t-shirt ? "Go go go."

Encore une fois, je rigole intérieurement tout en remerciant la synchronicité.


Un kilomètre et demi plus loin, mon énergie faiblit. J'aurais bien besoin d'un petit remontant. Au même instant sur ma droite, je vois le tronc d'un gros arbre qui semble m'inviter. Je m'arrête ! Je lui dis bonjour – Eh oui, pourquoi pas ? – et le serre dans mes bras de tout mon corps. Je laisse nos énergies ne faire qu'une. Après ce petit moment incroyable avec la nature, je repars faire mon dernier kilomètre. Mon enthousiasme est si débordant que je termine par un sprint.


Ouf, quelle course !

Quel beau moment vécu en pleine conscience !


Plus loin, en traversant le sentier qui mène au parc, j'aperçois une petite fille avec un énorme cornet de crème glacée molle trempé dans le chocolat… Mmm, c'est mon préféré ! 😉


J'opte plutôt pour une méditation au soleil...et la rencontre avec un Cerf de Virginie, mais ça, c'est une autre histoire.

Et vous ? Ça vous dirait d'apprendre à ''être'' dans le moment présent ?

 
 
 

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